Je présente mes excuses

A la maison, nous gérons une bibliothèque privée.

Cette semaine, nous avons trouvé un de nos livres dans la boîte aux lettres. Le soir, je vois un message sur mon ordinateur, disant :

Bonsoir Christian, je viens de passer chez toi pour déposer un livre que j'ai emprunté il y a très très longtemps à la bibliothèque (…). Je présente mes excuses, ce n'était pas correct de ma part de le garder aussi longtemps. Je le voyais de temps en temps mais ce n'était jamais le bon moment, ce qui n'est pas une excuse évidemment. Du coup je l'ai laissé dans la boîte à lettres. Bonne soirée.

Après peut-être une dizaine d'années, la personne rend un livre emprunté.

Ne pas rendre une chose empruntée est une faute, un vol. Mais qu'est-ce qui fait qu'on se le permet ? Si ce n'est le désordre, c'est la peur.

La peur d'une remarque de l'autre se transforme inconsciemment en peur face à son propre sadisme extrême en position dominante, sans commune mesure avec la réalité, au point d'accepter la faute pour pouvoir éviter – en fait repousser – la conséquence de l'acte. Cette faute va ensuite souiller la conscience, et permettre d'autres fautes via le "de toutes façons".

Quand finalement on se décide à affronter la réalité, cette même peur nous fait encore user de moyens indirects : livre dans la boîte aux lettres, message écrit…

De mon côté, l'absence – non remarquée – du livre ne m'a pas affecté personnellement. Je n'ai donc pas déversé mon "sadisme extrême en position dominante". J'ai répondu sobrement par un "OK", en demandant la confirmation du livre reçu. L'attitude humbre imposait le respect, la compassion. D'ailleurs, une personne qui s'applatit d'elle-même, il est insensé de vouloir l'écraser soi-même. Le pardon est alors implicite.

Ainsi donc, dès qu'on remarque une faute, lançons-nous courageusement dans l'acte de réparation. La conséquence est sans commune mesure avec les conséquences de la repousser.