La peur

Le WE dernier, j'étais à des retrouvailles, où j'ai pu entendre un très bon message de David Alonso sur un sujet qui nous concerne tous. Je vous le transmets.


Bonjour à tous,

Bonjour aux têtes connues qui me supportent encore, bonjour à celles et ceux qui ont survécu aux camps avec mon fils, Johann, bonjour à tous les autres qui ne savent pas encore à quoi ils ont échappés ;-) Pour les plaintes, il faut s’adresser à Lyly, c’est son idée.

Quand Lyly m’a demandé d’intervenir, je lui ai demandé quelles étaient les thématiques que vous portiez actuellement. Elle m’a indiqué que vous étiez entre le thème de l’été dernier "vivre et marquer son temps" et celui de l'hiver prochain " à bas les masques". Et elle a conclu sur cet encouragement sans frais : « Si tu as des idées pour faire le lien entre ces 2 thèmes, elles seront les bienvenues. ». 

Faire le lien ? Comme dirait Nadia “Why not ?” Je cherche … je ne trouve pas … je cherche encore … l’angoisse m’étreint … je ne trouve toujours pas … la peur m’envahit … comment réussir à vous marquer ? … comment répondre sincèrement à votre demande ? … peur, trouille, angoisse, … Mais c’est bien sur ! Je suis en train de vivre le lien que vous cherchez : c’est la peur !

A ce moment là, Lyly se dit « Ca y est, l’Alonso, il a craqué, c’est l’effet de l’H1N1, je vais lui faire une petite piqûre, et n’y vu n’y connu, je le remballe ». Et moi, je te dis « Sœur Lyly, n’ayez pas peur ». C’est mon côté Jean-Paul II. Et sur ce coup là Jean Paul, il avait raison. Profondément raison. C’était lors de son premier discours. Il avait alors interpellé le monde par ces paroles : « N’ayez pas peur d’accueillir le Christ ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! ». Quelques années plus tard, il remettra ça en l’orientant autrement : « N’ayez pas peur de proclamer l’Evangile de la Croix ». Il avait tous dis et mis le doigt, comme tant d’autre avant lui, sur la pédale de frein des croyants : la peur. 

La peur, ce compagnon qui s’installe quand on ne l’attend pas, qui reste quand on ne le souhaite pas, qui décide quand on ne le veut pas. La peur, qui nous retient d’être ce que nous sommes, qui nous fait vivre à moitié, ne montrant qu’une part de nous-mêmes. Cette peur qui nous amène, dans des domaines spécifiques à chacun, à tricher, mentir, fuir. La peur n’est pas le seul frein qui nous empêche d’abattre nos masques et marquer enfin notre temps, mais c’est un gros frein. Et la peur freine beaucoup d’autre sujet que ceux là. Mais ce ne sera pas le sujet du jour, désolé ;-).

La peur, l'angoisse, l'anxiété

La peur, depuis toujours

Petit retour en arrière. La peur et l’homme, c’est une vieille histoire. Pour être précis, ça commence avec le premier homme, Adam en Genèse 3 :10. « J'ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché. » C’est la peur liée à la transgression d’Adam et Eve. Ils ont fait une bêtise, une très grosse bêtise. Nous, ça nous semble normal qu’ils aient peur de la réaction de Dieu. Mais pour eux, c’est la première fois de leur vie qu’ils rencontrent cette nouvelle émotion, la première émotion exprimée après le péché. La peur doit être intense, viscérale, totale : nulle part ou se cacher de Dieu, fragilité lié au péché qui ronge maintenant leur cœur, honte qui les étreint, nudité qui les gènes car ils ont des choses à cachés, crainte de ne pas savoir à quoi s’attendre, peur de la mort alors qu’elle ne fait pas encore partie de l’histoire humaine, crainte de Dieu tout simplement (mais qui n’a pas été suffisante pour les empêcher de faire la première des bêtises). La première peur humaine contient déjà tant de nos peurs ! Et déjà une forme de masque s’annonce quand Dieu va les recouvrir mais on y reviendra tout à l’heure ;-)

La peur, cette émotion, ont l’a retrouve plus de 500 fois dans la Bible, mais pratiquement pas dans le nouveau testament. Dans l’ancien testament, elle va de la légitime crainte de Dieu à la peur de la mort ou de l’échec. C’est une des grandes émotions bibliques. Elle sera mère de grandes erreurs : Abraham laissant sa femme en mariage à Pharaon, les espions hébreux revenant de leur découverte de Canaan, mort de trouille malgré les paroles encourageantes de Caleb et Josué : cette peur là va leur coûter 40 années supplémentaires dans le désert. Job dira « Car si j’ai peur d’une chose, elle m’arrive ; et ce que je crains me survient » . Et ce ne sont pas des superstitions, car c’est souvent ce que nous craignons qui nous survient. Et je ne vous ne parle pas de la peur de Pierre après la mort de Jésus ;-)

Etonnamment, la peur à peu de place dans le nouveau testament. Et, en fait, c’est logique. Jésus en parle peu et Jean nous en donne la clé « De peur, il n’y en a pas dans l’amour, mais le parfait amour jette dehors la peur, car la peur implique un châtiment et celui qui a peur n’est pas accompli dans l’amour. »  Comme Jésus est venu prendre le châtiment à notre place, il clôt par son sacrifice le cycle de peur ouvert par la transgression d’Adam et Eve.

Un si fort besoin de protection

Vous me direz, c’est bien joli tout cet éclairage biblique mais en quoi ca m’aide aujourd’hui à vivre pleinement ma foi sans buter sur ma peur ? La réponse est dans la question. Car, en fait, la peur est l’antithèse de la foi. Et la foi est le plus puissant antidote contre la peur. 

La sagesse humaine, pleine de bon sens, nous fournit bien des solutions pour gérer par nous-mêmes nos peurs. D’ailleurs, l’organisation de nos sociétés a été faite pour que nous vivions avec moins de peur. Une armée pour nous protéger, une sécurité sociale pour nous protéger, un code pénal pour nous protéger, une éducation pour nous protéger, le RSA pour nous protéger, des associations pour nous protéger. Tant de choses que la majorité de la planète n’a pas, qui ne la protège ni des guerres, ni de la famine, ni de la pauvreté, ni de l’ignorance. 

Depuis que l’homme est sorti du jardin d’Eden et qu’il s’est éloigné de Dieu, il apprend à gérer ses peurs sans Dieu, car il croit être l’égal de Dieu. On voit le résultat : un monde de souffrances, d’injustices, en crises ininterrompues. Et ceux qui sont sensés être les mieux protégés sont les plus grands consommateurs d’antidépresseurs en tous genre. La peur est toujours là car sa source n’a pas été traité : la rupture relationnel entre Dieu et les hommes.

Dieu veut nous protéger

La vraie réponse à nos peurs se tient dans notre relation restaurée avec Dieu. En fait, il n’y a que deux grandes peurs : la peur des autres et la peur de Dieu. Dieu peut transformer notre regard sur les autres à condition que nous lui confiions nos peurs, dont la première, la peur de Lui.

Qu’a fait Dieu à Adam et Eve, ses enfants effrayés ? Ils les éloignés de l’arbre de vie et il les a vêtis. Oui, il les a vêtus. Et ce ne sera pas la dernière fois. Ce geste du Seigneur est très important car il nous concerne tous. Dieu, dans sa Grâce, sait très bien de quoi nous avons besoin et il veut répondre à nos besoins profonds. Nous vêtir est un de des besoins, et cela concerne tous les aspects de notre humanité.

C’est ainsi qu’il parle de l’homme nouveau que nous devons devenir « Revêtez-vous de la nouvelle nature, créée à la ressemblance de Dieu » . Toute l’épitre de Paul en 2 Corinthien nous invite à revêtir ce domicile céleste que Dieu a réservé pour nous. Ce qui fait échos à Romain 13 ou Dieu nous encourage à revêtir les armes qu’on utilise en pleine lumière . Et surtout, au verset 14, il nous dit cette parole clé : « Revêtez-vous de tout ce que nous offre Jésus-Christ le Seigneur ». Et cette histoire de vêtement spirituel ne se fini pas là. Elle s’installe dans notre éternité car il est écrit « Achète aussi des vêtements blancs pour t'en couvrir et n'avoir plus la honte de paraître nu » . 

Dieu veut nous protéger. Il sait nos peurs les plus profondes et il sait qu’Il est en la réponse. Il ne dit rien d’autre à Abraham quand il lui répond « Ne crains pas Abraham, je suis ton bouclier » . Gravons cette parole de Jésus dans nos cœur quand il rejoint ces disciple dans la tempête « Quand ils le virent marcher sur l'eau, ils furent terrifiés et dirent : « C'est un fantôme ! » Et ils poussèrent des cris de frayeur. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Courage, leur dit-il. C'est moi, n'ayez pas peur ! »   

Les défis

Allez avec Dieu

Finalement, cette histoire de vêtement, c’est le pendant spirituel à nos masques charnels. En fait, croire que Dieu va ôter ce qui nous fait peur est faux. Alors, quand notre foi est trop faible, nous nous reposons sur notre sagesse humaine pour nous protéger nous même : c’est de là que viennent nos masques et notre manque de courage.

D’une certaine façon, Dieu nous déçoit. Nous lui demandons de retirer ce qui nous fait peur et Lui nous répond « On y va ensemble, tu n’a rien à craindre, je suis avec toi, je te protège ». Ce n’est pas exactement la réponse attendue ! Nous, on ne veut pas y aller du tout. Plus ou moins consciemment, on sait très bien la réponse que l’on souhaite entendre. Et on voudrait bien que Dieu soit OK. Et, dés fois, il est OK. Mais le vrai problème, ce n’est pas la réponse, quelle qu’elle soit, c’est notre attitude de demande, la mesure de foi qui nous anime, le type de confiance que nous avons en Dieu.

David nous a montré le résultat attendu quand il dit « Je ne crains aucun mal car tu es avec moi.  » Si Dieu est avec moi, je suis sensé ne pas avoir peur de quoi que ce soit. Mais cela suppose à l’inverse, que j’accepte que Dieu soit vraiment avec moi, juste là ou se tienne mes vraies craintes. Nous en revenons à cette question d’attitude « Vous n'avez pas ce que vous voulez, parce que vous ne savez pas le demander à Dieu.  » Dieu ne répondra pas à nos peurs si nos demandes ne sont pas fondées dans une confiance sincère, fruit d’un esprit humble et soumis. Dieu regarde la disposition de nos cœurs. Quand il nous écoute, c’est dans la totalité de notre personne, pas uniquement les paroles que l’on prononce. 

Dieu veut bien s’occuper de nos peurs, nous écouter et y répondre. Nous devons aller vraiment vers Lui et, par avance, accepter Sa réponse, quelle qu’elle soit. Par la foi, nous savons que nous n’avons rien à craindre de Lui. Mais par la foi uniquement. Ce n’est pas le fruit de notre raisonnement mais de la révélation, fruit de son Esprit en nous. Entendez-vous cette voix douce et puissante qui vous dit « Ne crains rien, je suis avec toi » quand vous regarder ce qui vous fait peur ? 

Faire confiance, ca fait peur !

Un dicton dit que « la peur est mauvaise conseillère ». En fait, la peur est la pire des conseillères !  Dieu nous demande instamment de ne pas écouter nos peurs mais de les lui remettre. Et là surgit une autre peur : et si Dieu me demandait de faire une chose qui me fait peur ? Et oui, les conséquences de la confiance en Dieu, ça peut aussi faire peur !

Dieu sait cela quand il écrit dans Luc 12,32 « N'aie pas peur, petit troupeau ! Car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume ». Vous vous rappelez du verset suivant ? « Vendez vos biens et donnez l'argent aux pauvres ». Vous en connaissez beaucoup des gens qui vendent leurs biens et donne l’argent aux pauvres sans avoir peur du lendemain ? Moi non, même parmi les chrétiens. Et je me range sans hésiter dans le camp de ceux qui n’ont pas encore cette mesure de foi. Mais je la désire et j’y tends, coûte que coûte. Car Dieu m’a dit de me munir d’une bourse qui ne s’use pas, d’amasser des richesses dans les cieux, où elles ne disparaîtront jamais. 

Dieu nous dit « Avec moi, tu n’as rien à perdre car toute ce qui est important est en Moi ». Et notre cœur, par la foi, doit en être convaincu « Car notre cœur sera toujours là où sont vos richesses ». Notre seule richesse, c’est la place qui nous attend au Royaume de Dieu. Toute notre vie, nos attitudes doivent être positionnées en fonction de ce fait clé : je suis un habitant du Royaume de Dieu pour l’éternité. Notre GPS interne doit pointer dans cette direction. Est-ce le cas ? Surtout quand nous sommes face à ce qui nous fait peur ? N’est ce pas plutôt ce qui nous fait peur qui devient notre seul champ d’orientation ? Et notre prière devient alors « Dieu, retire ce qui me fait peur ! ». Alors que Dieu voudrait nous entendre dire  « Même si je passe par la vallée obscure, je ne redoute aucun mal, Seigneur, car tu m'accompagnes. Tu me conduis, tu me défends, voilà ce qui me rassure.  »

Dieu veut guérir nos souffrances

Comme nous venons de le voir, Dieu ne nous promet pas de retirer systématiquement ce qui nous fait peur, mais de l’affronter avec Lui car Il nous accompagne et nous protège.

S’il ne supprime pas le trac, il nous permet de faire un bon spectacle. S’il ne supprime pas l’examen, il nous aide à bien être en paix pendant qu’on y répond. S’il ne supprime pas le collègue insupportable, il nous apprend à l’aimer. S’il ne supprime pas toutes les araignées, Il nous aide à les supporter. S’il ne supprime pas le licenciement, il prépare la prochaine étape. S’il ne supprime pas la dépression, il nous y accompagne et nous porte patiemment. 

Derrière chacun de nos peurs se cache le souvenir et/ou l’anticipation d’une souffrance. Dieu, par Jésus, s’est chargé de la coupe de douleur. Et Il en parle même comme d’un baptême de souffrances  ! Les souffrances qui alimentent nos peurs, Dieu les comprend. Si Dieu nous demande de le suivre, ce n’est pas pour nous faire souffrir mais pour nous attacher encore plus à Lui, renforcer notre foi et notre amour. Pour nous permettre ensuite de partager cet amour avec ceux qui nous entoure, sans crainte car nous saurons que Dieu ne nous veut pas de mal.

Nos masques ne pourront tomber que lorsque ce qu’ils cachent aura été totalement confié à Dieu. En fait, la chute des masques n’est pas un objectif en soi mais la conséquence de l’amour de Dieu qui recouvre nos lieux de souffrances, fournisseurs officiels de nos peurs. La priorité, ce n’est pas le masque mais le traitement de la souffrance qu’il cache. Sans Dieu, le masque est indispensable pour protéger nos points de souffrance, indiqués par la peur. Avec Dieu, en attendant la parfaite guérison, nous bénéficions de sa protection divine. Ne nous en privons pas ! Faisons l’inventaire de ce qui nous fait souffrir et, un à un, abandonnons-en la gestion au Seigneur. 

Affronter

A la suite de Dieu

Comment puis-je vivre et marquer mon temps si j’ai peur de le faire ? Comment avancer si j’ai tout le temps le pied sur frein ? Jésus doit être notre premier exemple. L’angoisse, il a connut. Dans le jardin de Gethsémani, il va demander à Dieu d’éloigner la coupe de souffrance. Pour finalement l’accepter. Paul, qui subit une dure souffrance, va, par 3 fois, demander au Seigneur de l’en débarrasser . En vain. Pourtant Paul a marqué son temps. Et que dire de David, Abraham ou Moïse ? Ils ont tous connues la frayeur et l’angoisse. Et souvent Dieu ne les en a pas délivrés. Mais Il s’est tenu devant eux, comme une lumière sur leur sentier, comme un bouclier.  

Je ne sais pas quel est le plan que Dieu a pour chacun d’entre nous, mais je sais ce qu’Il attend de moi : que je le suive la ou il me dira d’aller. Oui, j’ai peur, mais je dois accepter la protection de Dieu car je sais que je n’ai rien à craindre s’Il est avec moi. Oui, j’ai parfois mal, mais je dois demander à Dieu de prendre ma souffrance et d’y mettre son baume de paix. Nous avons souvent l’impression que Dieu nous dit d’aller de l’avant et qu’Il nous suivra. C’est tout l’inverse, c’est nous qui marchons derrière lui. Et comme Il est Dieu, Il surveille aussi ma droite, ma gauche et mes arrières. Nos hésitations sont le fait de notre manque de connaissance de Dieu. Dieu n’est pas un général qui envoie ses fantassins au front pour en faire de la chair à canon. Dieu, c’est le général qui va au front à la place de ces fantassins et qui gagne ! C’est ce Dieu là qui nous demande de le suivre. Celui qui a pris ma place sur la Croix, celui qui a fait de moi son fils adoptif alors que je ne le méritais absolument pas. 

Marque mon temps n’est pas important, je peux le faire sans Dieu. Laisser Dieu m’utiliser pour laisser une marque durable éternellement, même si elle est invisible aux yeux des incroyants, ça c’est important. Pour faire cela, il faut laisser à Dieu la gestion de nos peurs, lui confier ce qui nous fait souffrir et apprendre à le suivre en confiance, pas après pas, par la foi et la foi seulement.