1 an de chômage

Le mardi 13 octobre 2009, le patron m'appelait dans son bureau. En plein travail et même en plein remplacement du responsable des achats, je ne me doutais de rien. Le patron m'a gentiment annoncé que je devrai me préparer pour un entretien le 21 octobre qui pourrait être suivi d'un licenciement pour insuffisance professionnelle...

Ne pouvant supporter seul l'annonce, j'ai tout de suite appelé un collègue de confiance pour en parler. Et les semaines qui ont suivi ont été agitées mais ont donné lieu à une remise en question, une ouverture vers les autres et à un dynamisme tout neuf. Mais cela n'a pas suffi. J'ai fait appel à un délégué du personnel partant en retraite pour m'assister à la réunion, qui s'est déroulée correctement. Et avant que le patron ait pu faire qui que ce soit, l'adjointe (à l'origine de tout cela, selon moi) avait expédié la lettre fatidique par courrier avec accusé de réception. Celle-ci est arrivée exactement 2 semaines après l'appel dans le bureau...

J'ai pris alors cette annonce comme quelque chose de positif et de voulu par Dieu, et qui pouvait en même temps être l'opportunité d'un changement d'orientation dans ma vie professionnelle, ce qui n'était pas un mal. Plutôt que de mal réagir et de leur en vouloir, je l'ai pris positivement et avec une certaine insouciance. J'ai d'ailleurs tout de suite appris par une expérience significative à ne pas me laisser démoraliser et baisser les bras. En effet, après m'être plaint en long et en large avec un ami dans le train, lui aussi victime d'un licenciement, je suis arrivé complètement démoralisé au travail. Et à une collègue qui revenait d'un séjour à l'hôpital, je lui ai dit de but en blanc que je ne serai plus là pour l'aider 2 mois après. J'ai alors réalisé le mal que je pouvais faire en restant négatif, et je suis allé m'excuser. Suite à cela, je n'ai plus jamais baissé les bras, et je ne me suis plus jamais réveillé la nuit pour stresser !...

Pendant les 2 mois de préavis, j'ai travaillé normalement, mais en ayant un peu plus de contacts avec les collègues. Ne sachant pas où et comment continuer ma carrière, je me suis laissé conseiller pour faire un bilan de compétences. Et c'est le Fongecif qui me l'a payé, car avec l'entreprise et les DIF (droit individuel à la formation), cela m'aurait encore coûté 1000 EUR ! Je l'ai commencé fin décembre, avant le dernier jour de travail. J'ai aussi pu profiter d'une dizaine de journées de recherche d'emploi dans la période, ce qui était un avant-goût pour mes collèges et mon chef ! Et les deux derniers jours, j'ai pu former mon successeur !... En partant, j'ai prévenu mon chef de ne jamais essayer de m'appeler, car je ne ferais pas de cadeau. Et c'est ce qui s'est passé, et je n'ai plus reçu de nouvelles... Mais il semble que le successeur s'en sort bien et qu'il plaît à tout le monde...

Dès janvier, après un joyeux camp de réveillon, les choses ont changé. Je m'en suis remis à Dieu pour qu'il m'accompagne dans cette période, qu'il m'aide à trouver un travail qui me plaise et qu'il me garde moralement, mon objectif étant de rester toujours positif et motivé. Je lui ai demandé de me donner des occupations pour pouvoir tenir pendant cette période (que j'envisageais courte). Et c'est ce qu'il a fait tout au long de l'année. En fait, il m'avait préparé une année tout à fait exceptionnelle !

J'ai donc eu davantage de temps pour méditer et lire la bible, d'autant plus qu'avec un ami, nous avons commencé un groupe de croissance avec une rencontre d'échanges chaque semaine et une lecture quotidienne de chapitres entiers de la bible. Ces échanges intimes et personnels, ainsi que la lecture, ont certainement été bénéfiques dans mon cheminement cette année. Et très rapidement, j'ai eu l'impression d'avoir beaucoup plus changé pendant cette période que pendant les dix années précédentes !

En outre, certaines bonnes habitudes prises ont aussi joué sur le moral et la motivation, comme le footing, régulier les 5 premiers mois, ou le piano, tous deux disciplines où l'on doit faire face à nos faiblesses et où l'on progresse humblement.

Au niveau professionnel, un an de chômage, ça change par rapport aux autres années ! Cette période a servi de remise en cause et de questionnement. J'ai fait mon bilan de compétences au Cabinet Heckel à Haguenau, chez une dame très sympathique. C'était difficile et elle pouvait lire mon découragement dans les résultats des tests. Mais vers la fin, nous avons remarqué un plus grand intérêt pour l'informatique et la programmation, voie qui m'a redonné confiance. Et nous avons opté pour une réorientation. Mais j'ai senti que davantage de formation théorique ne serait pas nécessaire, car il me fallait plutôt de l'expérience sur le terrain pour me redonner confiance.

J'ai donc postulé chez différentes boîtes dans le développement et le conseil en informatique au moyen de candidatures spontanées adressées aux entreprises du secteur basées autour de Strasbourg, trouvées par les Pages Jaunes. Pôle Emploi, dont ma conseillère m'a souhaité une "bonne recherche d'emploi" à l'issue de l'inscription, m'a fourni quelques offres par E-mail où j'ai pu postuler. Mais la conseillère, anciennement de l'Assedic, a reconnu par la suite qu'elle n'avait pas pu aider à grand chose. Cependant, les entretiens réguliers permettaient de faire un peu le point et d'être encouragé dans ma progression. Les réponses intermédiaires positives des entreprises étaient également encourageantes et donnaient de l'espoir pendant une certaine période. Ainsi, suite à la proposition d'entretien par la société de conseil Altran, Bernadette Heckel du bilan de compétences, ne m'avait jamais vu aussi réjoui et sûr de moi. Même si les pistes ne concluaient pas, elles m'ont permis de patienter pendant cette période qui est tout de même longue. Car le suivi avec les réponses négatives est plutôt désespérant, d'autant plus que la période n'était pas vraiment propice à l'emploi. Et certains évènements n'ont pas joué en ma faveur.

Pour remplir mes journées, la recherche d'emploi, que je faisais ponctuellement car il faut donner aux entreprises le temps de répondre, ne remplissait pas les journées et il me fallait m'organiser pour que cette nouvelle liberté ne devienne pas un fardeau. Il faut mettre en place un certain rythme pour ne pas trop traîner au risque de n'avoir rien fait en fin de journée, ce qui est plus que déprimant. Il me fallait des projets pour remplir mes semaines et pratiquer activement l'informatique pour rester un minimum à jour.

Les projets sont en fait arrivés chacun à leur tour, dans un ordre rationnel, sans que je sache quoi que ce soit à l'avance. J'ai donc commencé par des travaux pour le site jemaf.free.fr que je gère, avec une mise à jour du site, un recueil de chants supplémentaire, ainsi qu'un développement supplémentaire dans le programme Sudoku pour QBasic. Ensuite, la préparation d'une nouvelle version du programme de vidéoprojection v-Jemaf m'a occupé tout le mois suivant. Par la suite, l'accord de développement du site pour la maison d'accueil de personnes handicapées "le Mont des Oiseaux" m'a permis de retravailler la programmation de site avec le langage x-HTML et le CSS. Les tests effectués m'ont permis de découvrir les menus déroulants sans Javascript, me donnant des idées pour mon propre site. Après la création et la validation de pages types pour le site de l'association, j'ai pu commencer à retravailler mon propre site selon les nouveautés apprises. Après cela, l'idée m'est venue de créer la version en ligne de v-Jemaf, ce que j'ai fait en améliorant l'interface, ce qui m'a conduit à préparer la version suivante du v-Jemaf standard selon le même modèle. Ainsi, des projets plus ou moins important se sont succédés, sans que j'aie eu de grande période complètement à vide.

Et qu'en est-il du côté financier, d'être privé d'un salaire mensuel. Dieu aurait-il pourvu ? En fait, comme je vis chez les parents et que je ne dépense pas beaucoup, je n'ai pas eu de problème d'argent et je ne m'en inquiétais nullement. Je me suis autorisé tous les voyages qui m'étaient personnellement proposés et je n'ai manqué de rien. J'ai bénéficié au départ d'une indemnité de licenciement et j'ai récupéré mes placements dans l'épargne d'entreprise. Puis l'allocation au chômage, l'équivalent d'un petit salaire, rentrait tous les mois. Et après une année, mon suivi financier m'a révélé une augmentation de bénéfices de 6 000 EUR par rapport aux autres années !...

Au niveau de la vie courante, les changements étaient aussi importants. Ne plus avoir à se lever tôt pour aller travailler toute la journée n'a pas été un réel souci ! Je ne me suis pas imposé de mesures drastiques ou un rythme d'enfer. Mon corps s'est facilement adapté au nouveau rythme et je me suis rapidement couché et levé plus tard. 8h30 au début et 8h par la suite, ce qui est raisonnable quand on se couche vers 10 ou 11h du soir, à comparer au 8h30 du soir pour les journées de travail. J'ai ainsi pu profiter davantage de la télévision et des films ou émissions qui m'intéressaient, tout en restant raisonnable et en évitant de la regarder dans la journée, hormis les émission de "C'est pas Sorcier" ou "Samantha oups !". L'ordinateur à l'étage a été le lieu de séjour pour la majeure partie des journées et je devais ne pas trop traîner sur Facebook ! Mais la journée commençait toujours de la même manière avec le petit déjeuner, les et la toilette, la méditation, la demi-heure de piano et le journal. La suite commençait donc seulement à 10 ou 11h voire plus tard. Et l'après-midi, je faisais une sieste d'une heure minimum pour tenir et être en forme pour le restant de la journée. Je lisais ensuite les chapitres du jour pour le groupe de croissance. Tout ceci faisant que le temps de travail effectif ne dépassait pas 6 heures. Mais tout était nécessaire.

Le fait de rester motivé pendant cette période de temps libre fournit aussi l'occasion d'être disponible pour les autres. J'ai pu ainsi aider un ami d'origine allemande à corriger son rapport de stage, ce qui a créé une affinité qui a conduit à l'aider à repeindre son nouvel appartement puis à déménager. J'ai aussi pu aider ponctuellement mes parents dans le jardin, les cueillettes ou les récoltes, j'ai aidé ma soeur à préparer un carnet pour la colonie qu'elle organisait, j'étais disponible quand les neveux étaient là. Ce sont des choses qui, pour Dieu, ne sont pas négligeables et peuvent valoir la peine d'être ainsi disponible.

Au niveau extérieur, j'ai également pu m'engager pour être trésorier de l'association qui gère les rencontres évangélique de Pentecôte à Seebach, j'ai pu largement profiter de la Streisselhochzeit à Seebach où je me suis engagé pour la "rue des souvenirs", j'ai participé aux concerts des chorales de l'église, j'ai pu vérifier les partitions réalisées pour la vidéoprojection par une dame âgée de l'église, et j'ai pu organiser le repas pour une rencontre de 170 jeunes à la ferme. Entre autres...

Cette année m'a également permis la découverte de la vie et du monde extérieur. Prendre le vélo et photographier les fleurs des champs fait découvrir la richesse de la nature, non limitée aux pissenlits ou aux pâquerettes. Chaque saison s'est révélée avec ses beautés et ses nouveautés. La photographie m'a ouvert les yeux sur tout ce qui m'entoure, car je n'était pas beaucoup dehors. Parallèlement, l'émission de télévision "Man vs Wild" sur NT1, suivie régulièrement, m'a permis de découvrir les coins du monde les plus reculés...

Cette année, bien préparée par Dieu, a été très riche en WE particuliers, au point que j'ai eu l'impression de n'être presque jamais là pour le groupe de jeunes le samedi soir. Ce qui était effectivement assez le cas. Les vacances ou séjours à l'étranger ont été aussi inhabituels et de avril à mai, j'ai séjourné dans 4 pays étrangers, à savoir la Suisse, l'Italie, l'Allemagne et les Pays-Bas. Pour mieux passer l'été qui s'annonçait long, je me suis inscrit à un camp de jeunes adultes dans le sud de la Forêt Noire. Et en septembre, avec mon frère et ma soeur, nous avons fait une virée à Paris où nous avons aidé une association, puis visité Disneyland et la Cité des Sciences. Quand je disais que cette année était exceptionnelle !

En comptant informatiquement toutes les photos prises dans l'année, j'en suis arrivé à plus de 3 000 !!! Elles ont toutes été publiées sur Facebook, pour en faire profiter mes centaines d'amis plutôt que de les garder pour mon ordinateur et moi. Et en avril prochain, j'aurai l'occasion d'en exposer quelques unes à la Saline à Soultz-sous-Forêts le dimanche 10 avril de 11h à 18h lors de l'exposition "Tout'art ou les soultzois ont du talent". Je devrais également en fournir quelques-unes pour faire les cartes de voeux au profit de l'association "Mont des Oiseaux". Et j'en utiliserai aussi sous forme de diaporama aux veillées artistique à l'église St-Jean à Wissembourg, où j'ai accepté de rejoindre le comité pour m'occuper de la vidéoprojection.

En effet, la création peut être tellement belle, même dans ses moindres détails. Et le passage au numérique, il y a un an et demi, puis l'acquisition d'un compact avec zoom optique 12x, après une longue utilisation de l'argentique, me permet de faire autant de photos que souhaité mais tout en me restreignant dès la prise de vue à celles vraiment belles. J'ai pu ainsi cette année couvrir l'ensemble de la variété avec toutes les saisons et passer sur une quantité de sujets intéressants. Je veux ainsi faire découvrir à tous les beautés de la nature ainsi que de notre patrimoine, que nous ignorons si souvent.

Maintenant, après cette grande année sans emploi, je suis en attente du résultat d'une piste qui, je l'espère, devrait déboucher sur un emploi durable, dans une petite entreprise à proximité avec pour seul chef et collègue un père de famille. Avec un projet de développement pour un secteur encore vierge de réel outil informatique. J'espèrerais ainsi ne plus avoir à vous écrire dans un an sur le même sujet ! J'espère que ce témoignage, assez long mais complet, vous a fait un peu découvrir l'envers du décor, si fragile, mais aussi que "tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son plan" (la Bible, Epître aux Romains 8v28). Que Dieu vous bénisse.

Un chemin tracé...